Séance 9 : Révolution industrielle et émergence d'une sensibilité nouvelle.
Séance 9 :
En quoi la Révolution industrielle influe-t-elle sur la manière de rendre compte des émotions ?
(accéder directement à la séance 9 - bis ici)
En quoi cette révolution industrielle influence-t-elle l'art ?
Rappel des grands bouleversements liés à la Révolution industrielle dans la 2ème moitié du XIXème siècle : bouleversements dans les classes sociales (classes ouvrières), dans le paysage (usines, chemin de fer...) et dans le paysage urbain (verre et acier, les grands boulevards haussmaniens...).
A partir d'une sélection de tableaux (Monet, Caillebotte, Millet...), on constate en peinture :
- l'émergence de nouveaux sujets (les travailleurs, les faits de société, la ville)
- de nouveaux angles de vue (la ville, l'architecture, les plongées et contre-plongées, des cadrages où le sujet semble en mouvement, et sort du cadre partiellement...)
- une mise en avant de la modernité
- une redéfinition du "beau"
- une restitution des atmosphères...
Le souci de réalisme, satisfait par l'apparition de la photographie, laisse plus de liberté à la peinture pour rendre les impressions et les sensations.
Comparons ces trois représentations du chemin de fer et les sentiments qu'ils suscitent :
Auquel de ces trois tableaux pourrait-on associer l'extrait ci-dessous ? Justifiez votre réponse.
Emile ZOLA, La Bête humaine, 1890 - chapitre 12 (fin du roman).
A Rouen, on devait prendre de l'eau : et l'épouvante glaça la gare, lorsqu'elle vit passer, dans un vertige de fumée et de flamme, ce train fou, cette machine sans mécanicien ni chauffeur, ces wagons à bestiaux emplis de troupiers qui hurlaient des refrains patriotiques. Ils allaient à la guerre, c'était pour être plus vite là-bas, sur les bords du Rhin. Les employés étaient restés béants, agitant les bras. Tout de suite, le cri fut général : jamais ce train débridé, abandonné à lui-même, ne traverserait sans encombre la gare de Sotteville, toujours barrée par des manœuvres, obstruée de voitures et de machines, comme tous les grands dépôts. Et l'on se précipita au télégraphe, on prévint. Justement, là-bas, un train de marchandises qui occupait la voie, put être refoulé sous une remise. Déjà, au loin, le roulement du monstre échappé s'entendait. Il s'était rué dans les deux tunnels qui avoisinent Rouen, il arrivait de son galop furieux, comme une force prodigieuse et irrésistible que rien ne pouvait plus arrêter. Et la gare de Sotteville fut brûlée, il fila au milieu des obstacles sans rien accrocher, il se replongea dans les ténèbres, où son grondement peu à peu s'éteignit. Mais, maintenant, tous les appareils télégraphiques de la ligne tintaient, tous les cœurs battaient, à la nouvelle du train fantôme qu'on venait de voir passer à Rouen et à Sotteville. On tremblait de peur : un express qui se trouvait en avant, allait sûrement être rattrapé. Lui, ainsi qu'un sanglier dans une futaie, continuait sa course, sans tenir compte ni des feux rouges, ni des pétards. Il faillit se broyer, à Oissel, contre une machine-pilote ; il terrifia Pont-de-l'Arche, car sa vitesse ne semblait pas se ralentir. De nouveau, disparu, il roulait, il roulait, dans la nuit noire, on ne savait où, là-bas. Qu'importaient les victimes que la machine écrasait en chemin ! N'allait-elle pas quand même à l'avenir, insoucieuse du sang répandu ? Sans conducteur, au milieu des ténèbres, en bête aveugle et sourde qu'on aurait lâchée parmi la mort, elle roulait, elle roulait, chargée de cette chair à canon, de ces soldats, déjà hébétés de fatigue, et ivres, qui chantaient.
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- Lisez maintenant le texte de Guy de MAUPASSANT, Bel-ami (distribué en classe) et répondez aux questions ci-dessous :
1- Comment le train devient-il un vecteur émotionnel qui rythme le passage ?
2- Comment se manifeste le naturalisme dans ce texte ? (cherchez notamment les marques de réalisme ou ce qui différencie ce texte des écrits romantiques)
3- Si le poète romantique était en harmonie avec la nature, quelle relation le héros naturaliste entretient-il avec son environnement ?
- Puis, faites une recherche :
En quoi le Naturalisme modifie-t-il la manière dont les romanciers construisent l'intériorité du personnage principal ?
Cherchez des œuvres dont les « héros » illustrent la notion de médiocrité ou d'anti-héros.
Cette volonté de rendre compte avec le plus grand réalisme des mouvements de l'âme conduit à une réflexion autour du monologue intérieur dans le genre romanesque.
Lisez les deux extraits de romans ci-dessous (distribués en classe) :
Cherchez les points communs entre les deux textes du point de vue :
- du rythme
- de la construction des phrases
- du lexique
- de l'énonciation
- de l'effet produit
D'après vous, que désigne l'expression "flux de conscience" ?
Exercice :
Et vous ? avez-vous déjà tenté de retranscrire avec fidélité le flux de vos pensées ? Faites l’expérience. Est-ce simple ?
Synthèse :
Vous pourrez compléter cette séance en consultant la synthèse n°3 p.96 du manuel.
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