Enseignement de spécialité HLP - Terminale

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Séance 3 - correction

 

 

 

Séance 3 - Qui a la responsabilité de l'éducation et de la transmission ?

 

Eléments de correction.

 

 

 

 

  • Activité 1 : carte mentale.

 

 

Les trois instances qui apparaissent sont l'Etat, la Famille et la Religion.

 

Chacune prend en charge un aspect de l'éducation.

 

Pour l'Etat :

  • les enseignements théoriques, dans les différentes matières
  • lecture et écriture
  • éducation artistique
  • éducation morale et civique
  • construire de futurs citoyens
  • méthodes
  • savoir-faire et savoir-être
  • ...

 

Pour la Famille :

  • culture
  • traditions
  • valeurs morales
  • éducation culturelle
  • connaissances générales, savoirs communs
  • ...

 

Pour les religions :

  • valeurs et culture
  • vertus
  • foi
  • ...

 


 

  • Texte 1 : Charles PEGUY, L'Argent, 1913

 

Comment l'auteur met-il en valeur le fait que l'éducation est devenue une véritable institution ?

 

     Le terme "institution" peut être interprété de deux manières différentes. D'abord, il peut s'agir du fait que l'éducation se fait au sein d'une institution, à savoir un établissement scolaire. Dans le texte de Charles PEGUY, L'Argent, le champ lexical de l'établissement scolaire est très présent : "maîtres", "instituteurs", "uniforme", Ecole" (souligné par la majuscule) - et démontre qu'il y a bien un cadre matériel.

 

    Mais il peut également être compris comme le fait que l'éducation est règlementée de manière à garantir l'équilibre des relations entre les membres d'une société. Cette règlementation est d'abord soulignée par la répétition du mot "élève" et "maître" qui met en avant la hiérarchie propre aux institutions quelles qu'elles soient. Cette idée est renforcée par la présente du mot "ligne", qui évoque l'ordre.

 

     L'aspect institutionnel, donc strict, de l'éducation est aussi mis en avant par les références à l'armée avec les répétitions de mots relevant du vocabulaire militaire : "hussards", "militaire", "combattre", "étrangler", "régiment", "bataillon"... Ce champ lexical de l'armée est accentué par el polyptote constitué par les termes "sévères" et "sévérité", utilisés ici de façon méliorative, des marques de droiture, mais aussi par les références à leur uniforme (mot également répété).

 

      De plus, le texte associe à plusieurs reprises l'éducation à la République, au gouvernement, à l'Etat. Le mot "République" est en effet utilisé quatre fois, et les parallélismes créent un effet d'insistance sur ces mots. Cela permet notamment de renforcer le caractère cadré, organisé de l'éducation. De fait, plusieurs qualités sont avancées : "civisme", "sérieux" (à deux reprises), mais aussi des compléments circonstanciels de temps évoquant la répétitivité, les rituels : "toutes les semaines", "chaque semaine".

 

   Ainsi, cet essai met en valeur la solennité de ces premières écoles d'instituteurs, ainsi que la haute mission qui leur est confiée par l'Etat, pour qui l'éducation est devenue une priorité, comme en témoigne la répétition du verbe "était chargé de". Ils témoignent de la volonté d'offrir à tous un accès à la même éducation et de renforcer l'union nationale. La description de ces bataillons d'instituteurs est en effet écrite dans un registre épidictique fort (il s'agit d'un éloge très marqué par l'admiration de l'auteur). Il en résulte la proclamation d'un lien de filiation puissant entre la République et chaque individu qu'elle façonne au sein de son Ecole, mais peut néanmoins interpeller dans la mesure où elle semble supprimer toute forme d'individualité...

 

 


 

  • Texte 2 : Victor HUGO, Les Quatre vents de l'esprit, 1881

 

Comment le poète inverse-t-il progressivement les rôles entre les coupables et les victimes ?

 

Dès le début du passage, Hugo énonce sa thèse grâce au parallélisme du vers 1 :

"Chaque enfant qu'on enseigne est un homme qu'on gagne."

 

Dès le vers 2, il présente les "coupables", ceux qui sont stigmatisés par la société : il place en effet dans le même vers les mots "voleurs" et "bagne", qui sera suivi un peu plus bas du mot "crime". Ceux-ci sont associés à un constat : les termes liés à l'éducation sont précédés de formes négatives : "ne sont jamais allés à l'école", "ne savent pas lire". Il suggère donc un lien de cause à effet entre leur absence d'éducation et leur chute morale. Tout le texte propose une métaphore filée de l'ignorance comme l'obscurité, et de l'éducation comme d'une lumière : "l'ignorance est la nuit", "dans cette ombre-là", "s'éclaire", "humble lueur", "la lampe en main", "allumons les esprits", "une lumière", "s'éclairer du flambeau", "éteint en eux la flamme"...

 

Il poursuit à la strophe suivante en précisant la valeur qu'il accorde à l'éducation. En effet, la description qu'il en fait est plus que positive : "sanctuaire", "chapelle", "vertu", "coeur"... L'image du petit enfant fait appel à l'empathie du lecteur à qui il s'adresse à l'impératif : "donnez le petit livre", "marchez [...]pour qu'il puisse vous suivre". Il insinue dès lors l'idée d'une responsabilité de l'adulte envers l'enfant, car il doit le guider et l'instruire.

 

La troisième strophe se fait plus explicitement accusatrice : le parallélisme qui l'ouvre est éloquent : "la nuit produit l'erreur et l'erreur l'attentat". Il nomme ainsi clairement le lien de cause-conséquence qui relie l'absence d'éducation au crime; mais cette fois-ci, il désigne un coupable par le biais du pronom personnel "on" qui devient sujet du verbe d'action dont les voleurs ne sont que COD : "on jette dans l'état / Des hommes animaux". Il suscite de ce fait la pitié du lecteur pour ces voleurs, par le biais du registre pathétique qui suit : "tristes instincts", "prunelles crevées", "aveugles effrayants", "regard sépulcral", "marchent à tâtons"... Ils apparaissent pour la première fois vraiment comme des victimes, grâce notamment à la double évocation de leur "droit" : "le germe a droit d'éclore", "ces voleurs avaient le droit de vivre".

 

Hugo appelle les lecteurs à agir en faveur de l'éducation de façon bienveillante, par l'emploi de la première personne du pluriel ("allumons", "songeons-y", "notre loi première", "faisons une lumière"), mais aussi grâce à des phrases tournées comme des aphorismes : "qui ne pense pas / ne vit pas" : il accuse ainsi implicitement de meurtre tous ceux qui négligent les questions d'éducation. A l'inverse, il souligne tout ce que la société a à gagner dans une instruction nationale, à l'aide d'une métaphore alchimique inscrite dans un chiasme : "l'école en or change le cuivre, / Tandis que l'ignorance en plomb transforme l'or."

 

Ce dernier terme anticipe sur le premier vers de la strophe suivante et le "trésor" que possédaient "ces voleurs". En effet, cette dernière strophe achève l'inversion des rôles. Hugo se fait plus virulent encore, par l'anaphore de la proposition principale "Je dis que", qui prend un ton polémique et donne une certaine emphase à ce passage. Le champ lexical de la faute est omniprésent : "demander compte", "blâme", "forfaits" "leur faute", "leur ôte", "le premier crime"... La 2ème personne du pluriel s'en prend désormais aux lecteurs qui étaient prompts à juger les voleurs : "se tourner vers vous", " de vous demander", de même que le pronom "on" à trois reprises, "on en fit la brute", "on leur ôte", "on a [...] éteint en eux la flamme", qui sera repris enfin par le substantif "société", au dernier vers. A l'inverse, les voleurs sont disculpé avec une certaine emphase : "que ce sont eux qui sont les dépouillés", "ils sont les malheureux et non les ennemis", "sur eux-mêmes commis". Ces affirmations soulignent ce qu'il y a de paradoxal dans cette inversion, et insistent sur la responsabilité de l'Etat dans ce qu'ils sont devenus. En effet, alors qu'ils ont été désignés à plusieurs reprises par le GN "les voleurs", c'est un mot de la même famille qu'utilise Hugo pour en faire des victimes : "la société leur a volé leur âme".

 

Par ce poème, Hugo soutient la nécessité de créer une école ouverte à tous et obligatoire, et insiste sur le devoir moral de l'Etat de prendre à sa charge cette éducation, afin de garantir une véritable harmonie entre ses citoyens.

 

 


 

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25/09/2022
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