Enseignement de spécialité HLP - Terminale

Enseignement de spécialité HLP - Terminale

Séance 1 : Que signifie éduquer ? Quels modèles d'éducation les Lumières ont-elles apportés ?

 

 

 

Séance 1 : Que signifie éduquer ? Quels modèles d'éducation les Lumières ont-elles apportés ? /  l'apprentissage par la pratique des choses

 

 

 

Généralités :

 

- Présentation des épreuves en HLP : écrit final / Grand oral

- Présentation rapide du programme de l’année.


 

  • La notion d’éducation :

La recherche de soi commence par la construction du « soi ». Comment cette construction se fait-elle ?

 

 

  • Atelier expression : caricaturer des profs. Quels sont les traits communs à tous ces personnages ? Cette figure-type du prof semble-t-elle positive ou négative ? Semble-t-elle constructive ?

 

 

  • Travail de groupe : réfléchir à la différence entre éduquer, enseigner, instruire.

 

 

Etymologie :

 

éduquer : du latin educare : faire sortir, élever (ex + ducere)

= Donner à quelqu'un, spécialement à un enfant ou à un adolescent, tous les soins nécessaires à la formation et à l'épanouissement de sa personnalité.  / Développer et former par un entraînement approprié.

 

enseigner : du latin class. insignire « signaler, désigner »

= Transmettre un savoir de type scolaire ou non.Faire savoir par des leçons, par l'exemple.Rendre savant, compétent dans un domaine déterminé.

 

instruire : du lat. instruere« assembler dans, dresser; munir, outiller », sens qui subsiste dans l'a. fr.estruire« construire »

= Former l'esprit, la personnalité de quelqu'un par une somme de connaissances liées à l'expérience, à la vie, aux événements.Communiquer (à un adulte, le plus souvent à un élève) un ensemble de connaissances théoriques ou pratiques liées à l'enseignement, à l'étude.

 

 

⇒ Lesquels de ces termes peut-on appliquer à l’Education Nationale ?


 

 

  • Et dans les textes ?

 

 

Lire les textes de Rousseau et Hugo (ci-dessous) : quels types d’éducation rejettent-ils l’un comme l’autre ? De quelle façon ce rejet est-il exprimé dans les textes ? Quel modèle préconisent-ils ? Comment le valorisent-ils ?

 

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  • Exercice : expliquer les citations ci-dessous. (H35) – une par groupe. Réponse d’une minute minimum.

 

 

ARISTOTE : « L’éducation a des racines amères, mais ses fruits sont doux. »

MONTAIGNE : « Il vaut mieux une tête bien faite qu’une tête bien pleine. »

RABELAIS : « Science sans conscience n’est que ruine de l’âme. »

VOLTAIRE : « Plus les hommes seront éclairés, plus ils seront libres. »

HUGO : « Chaque enfant qu’on enseigne est un homme qu’on gagne. »

 


Séance 1 bis :

 

 

 

  • ROUSSEAU, Emile ou de l’éducation (texte ci-dessous) :

 

- L’éducation va-t-elle à l’encontre de la nature ?

- Comment exprime-t-il l’idée que l’éducation est nécessaire ?

- Quelles sont les trois formes d’éducation que reçoit un individu, selon Rousseau ?

- Reformulez simplement ce que signifie éduquer selon Rousseau.

 

 

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Et si on inversait les rôles ?

 

 

  • MONTAIGNE, Essais, « De l’éducation des enfants » (texte ci-dessus) :

 

Proposez une question d’interprétation littéraire pour ce passage.

 


 

  • Etude de Tableau :

 

Egbert van Heemskerck le Jeune, Le maître d’école, 1687 (source : réseau canopé – musée de l’éducation à Rouen)

 

Egbert-van-Heemskerck-Le-maître-décole1687

 

 

 

La scène permet de comprendre comment on enseigne dans une petite école paroissiale au 17ème siècle.

 

- On voit tout d’abord les conditions matérielles dans lesquelles se fait l’apprentissage des enfants. Souvent, comme dans le cas présent, le maître fait la classe à son domicile. Le mobilier y est réduit au strict nécessaire : une chaire et un bureau, de bien modeste facture, quelques bancs pour ceux qui apprennent à lire et une table réservée aux quelques garçons qui apprennent à écrire.L'Eglise impose la séparation des filles et des garçons. Mais dans les campagnes, il n'y a pas assez d'écoliers pour faire vivre deux maîtres : l'école, lorsqu'elle existe, est unique. On est donc contraint d'y admettre les filles comme les garçons.

 

- Par ailleurs, ce tableau illustre parfaitement le principe de la méthode dite « individuelle » : Au milieu de ses nombreux élèves d’âges et de niveaux très différents, le maître n’a d’autre ressource que de consacrer successivement quelques minutes de son temps à chaque écolier. Voyez à droite l’élève qui est passé précédemment, puni et attaché à la chaire magistrale jusqu’à ce qu’il sache sa leçon. C’est maintenant le tour d’une très petite fille qui déchiffre sa page de lecture. Ce sera ensuite celui du garçonnet qui a retiré son chapeau pour s’adresser au maître.Cette pédagogie est la seule pratiquée dans les petites écoles jusqu’à la fondation des Frères des écoles chrétiennes par Jean-Baptiste de la Salle, en 1687. Elle présente l’inconvénient majeur de laisser les enfants livrés à eux-mêmes une bonne partie de la journée. En attendant leur tour, les élèves se dispersent et chahutent, malgré la menace de la férule. L’apprentissage n’en est que plus long et difficile.

 

(source : reseau-canope.fr)


 

 

  • Synthèse :

 

  • au Moyen-âge, l’éducation est prise en charge par les moines et repose sur l’apprentissage des textes religieux. Pas de réflexion, mais apprentissage par cœur et répétition.

 

  • les Humanistes de la Renaissance préconisent une éducation variée, où l’élève devient acteur de ses apprentissages. (cf RABELAIS, Gargantua). Le savoir encyclopédique est également sollicité.

 

  • les Lumières poursuivent cet idéal d’émancipation par l’éducation : les philosophes mettent au point des programmes ambitieux, délivrés par des précepteurs choisis pour une élite. Elle vise à la propagation des savoirs et à l’exercice de la raison.

 

  • Rousseau notamment préconise une éducation fondée sur la pratique et l’expérience des choses, et invite à faire sortir l’élève de l’espace fermé de la classe. Stimuler la curiosité, laisser libre cours à la soif de découverte sont les bases de sa méthode. L’enfance est l’étape indispensable pour adapter l’individu perfectible à son environnement, et sa faiblesse initiale est un atout.

 

 

 

- un article complet sur l’éducation au XVIIIème siècle sur le site de l’Académie de Caen : ici.

 

 

Mais la conception de Rousseau reste très critiquée par ses contemporains, notamment par Voltaire. A l’inverse, Chateaubriand en est un fervent défenseur.

 

Dans la lettre adressée à Christophe de Beaumont en 1763, Rousseau synthétise la différence entre les deux types d’éducation en expliquant que l’éducation positive commence avant l’âge de raison, tandis que l’éducation négative s’oppose bien plus tôt à la naissance des vices.

D’après une anecdote racontée par la baronne d’Oberkirch, la méthode de Rousseau s’avère inadéquate parce qu’elle rend l’homme stupide, comme l’a reconnu Rousseau lui-même. Celui-ci reçoit en effet la visite d’un certain Monsieur Hangardt qui a essayé d’élever son fils en mettant en pratique ses principes pédagogiques :

 

 

Parmi les originaux que nous eûmes en passant, un des plus drôles et des plus ridicules était certainement un M. Hangardt, fils d’un ancien homme d’affaires du prince, admirateur frénétique de Jean-Jacques Rousseau, élevé d’après ses principes. et se nommant Émile, comme le héros du philosophe genevois. Le prince, auquel le père avait rendu des services, le reçut avec bonté et l’engagea à rester quelques jours. On ne se figure pas le chef-d’œuvre de bêtise et de nullité produit par cette éducation […]. Pendant que J.-J. Rousseau était à Strasbourg, […] il reçut la visite de M. Hangardt père. Celui-ci parla de son Émile avec un enthousiasme plein de feu, ajoutant qu’il élevait son fils suivant ses principes.

- Ma foi! tant pis pour vous, monsieur, répondit l’auteur, et plus tant pis encore pour votre fils.

 

 

 

Un autre point de vue :

 

DUMARSAIS, Encyclopédie, article « Education »

 

L'éducation est le plus grand bien que les pères puissent laisser à leurs enfants. Il ne se trouve que trop souvent des pères qui ne connaissant point leurs véritables intérêts, se refusent aux dépenses nécessaires pour une bonne éducation, et qui n'épargnent rien dans la suite pour procurer un emploi à leurs enfants, ou pour les décorer d'une charge ; cependant quelle charge est plus utile qu'une bonne éducation, qui communément ne coute pas tant, quoiqu'elle soit le bien dont le produit est le plus grand, le plus honorable et le plus sensible ? il revient tous les jours : les autres biens se trouvent souvent dissipés ; mais on ne peut se défaire d'une bonne éducation, ni, par malheur, d'une mauvaise, qui souvent n'est telle, que parce qu'on n'a pas voulu faire les frais d'une bonne :
[…]
Vous donnez votre fils à élever à un esclave, dit un jour un ancien philosophe à un père riche, hé bien, au lieu d'un esclave vous en aurez deux.

 

 

 

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02/09/2021
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