Séance 15 - Puis-je faire confiance au Moi que je crois être ?
Séance 15 : Puis-je faire confiance au Moi que je crois être ? La crise du personnage.
(accéder directement à la séance 15 bis ici )
- Le dédoublement de la folie
Le thème du double revient fréquemment et remonte au daimon des Grecs (chaque être aurait un génie qui détermine la destinée), mais aussi au mythe selon lequel chaque être à la naissance avait 2 têtes, 4 bras, 4 jambes, et a été coupé en 2, condamné à trouver sa « moitié ». Dans le christianisme, le judaïsme et la tradition musulmane, les anges gardiens, démons, dibbouks et djinns peuvent même prendre possession de notre corps temporairement. Double symbolique, qui traduit le déchirement entre pulsion et raison (Cf Le Portrait de Dorian Gray d’Oscar WILDE), entre profane et sacré, dialogue avec sa Muse (cf MUSSET, La Nuit de mai), visage de la folie (cf le neurologue Charcot : de nombreux auteurs viennent assister à ses séances d’hypnose sur des patients atteints d’hystérie)…
Lisez les deux extraits suivants : ZOLA, La Bête humaine et MAUPASSANT, le Horla.
De quelle manière le personnage extériorise-t-il sa folie dans ces deux extraits ?
- La métamorphose symbolique
Les récits de métamorphoses remontent à l’Antiquité : déjà OVIDE faisait les récits des nombreuses transformations des dieux et des hommes. Les profondes modifications du XIXème siècle (crises politiques, sociales et religieuses) et du XXème conduisent à transcrire dans les œuvres littéraires ou picturales la complexité de l’individu et de son rapport au monde. C’est la naissance de grands mythes (loup-garou, vampire…)
Lisez maintenant ces deux extraits : KAFKA, La Métamorphose et R. L. STEVENSON, L’étrange cas du Docteur Jekyll et de Mister Hyde
- En quoi peut-on dire que les réactions de ces deux personnages face à leur métamorphose sont opposées ?
- Et vous, quel serait votre alter ego ?
(pour les plus curieux, vous retrouverez le texte intégral de La Métamorphose ici, et celui de Stevenson ici)
Séance 15 bis : l'éclatement du personnage
Le XXème siècle marque un tournant dans le rapport au personnage romanesque. Le mouvement du Nouveau Roman en particulier remet en question son statut. Ce mouvement, dont le point de départ marquant sera le texte de Nathalie SARRAUTE, L'Ere du soupçon, rassemble les auteurs désireux de bouleverser les conventions romanesques jugées trop factices et répétitives. Edités pour la plupart aux Editions de Minuit, ces auteurs dont le manifeste s'intitule Pour un Nouveau Roman comptent notamment Georges PEREC, Alain ROBBE-GRILLET, Marguerite DURAS, Michel BUTOR... Vous pouvez consulter l'article Nouveau Roman de l'encyclopédie Larousse.
La notion de personnage éclate : sans identité, parfois remplacé par une simple lettre, il défie le statut du narrateur omniscient traditionnel.
- L'un des précurseurs de cette remise en question est André GIDE dont voici un extrait emprunté au roman Les Faux-Monnayeurs.
Dans cet extrait des Faux-monnayeurs, comment l’auteur suggère-t-il que le personnage échappe à son contrôle ?
- Lisez maintenant cet extrait du Ravissement de Lol V. Stein par Marguerite DURAS :
Comment le narrateur insinue-t-il le doute au sujet de l'héroïne dans cet extrait du Ravissement de Lol V. Stein ?
- Enfin, observez ce portrait réalisé par Pablo PICASSO de son ami et éditeur Daniel-Henry Kahnweiler.
PICASSO, Portrait de Daniel-Henry Kahnweiler, 1910
En quoi ce portrait par Picasso rend-il compte de cette crise du personnage romanesque ?
Nous avons terminé le troisième semestre du programme : la prochaine séance sera consacrée à un devoir sur table dans lequel vous aurez le choix entre une question d'interprétation littéraire et un essai littéraire.
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